Quelles sont les règles de retrait d’une décision de préemption

Une société anonyme d’économie mixte avait préempté un bien immobilier. Sans doute consciente des nombreuses illégalités dont était entachée sa décision, elle a décidé de la retirer, espérant sans doute ainsi éviter que cette décision initiale soit annulée et qu’il ne lui soit enjoint de proposer le bien également préempté au vendeur puis à l’acquéreur.

Dans les circonstances de l’espèce, ce retrait de la décision initiale est qualifié d’entaché de détournement de pouvoir, moyen suffisamment rarement retenu en jurisprudence pour être souligné : « Par ailleurs, si la décision du 17 juin 2020 a eu pour effet, pour partie, de purger la décision de préemption du 6 mars 2020 de son illégalité, elle a également privé la société Atlante Promotion de la possibilité de se prévaloir du droit subsidiaire à la rétrocession du bien préempté, en application des dispositions précitées de l’article L. 213-11-1 du code de l’urbanisme. Ainsi, eu égard à ces effets et à la précipitation avec laquelle la SAEM Paris Sud Aménagement a conclu à la vente du bien susceptible d’être préempté, la société Atlante Promotion est fondée à soutenir que la décision du 17 juin 2020 est entachée d’un détournement de pouvoir. »

La cour a donc annulé la décision de retrait, annulé la décision initiale de préemption et enjoint le titulaire du droit de proposer le bien conformément aux dispositions de l’article L. 213-11-1 du code de l’urbanisme (CAA Versailles, 15 décembre 2022, SAEM Paris Sud Aménagement, req. n° 22VE01458).

Benoît Jorion
Avocat à la Cour d’appel de Paris
Spécialiste en droit public